Le tabac

Dès le début du conflit, les rations de tabac gratuit font partie du paquetage des poilus : en majorité du tabac gris à pipe : « le gros cul ». Il était fourni sous forme de paquets cubiques, fermés par une bande ou était imprimée une grosse lettre Q. Il y avait aussi le « perlot », un tabaez grossier ; le plus sophistiqué étant le « fin ».

Dans « L’argot des poilus », publié en 1918, on retrouve la définition suivante : « dans la tranchée, le perlot est un grand magicien : il ouvre les portes du rêve ; il tue le cafard ; et dans les volutes de sa fumée, le poilu, évoquant le pays et les visages aimés, croit que la guerre est finie … 


Le "perlot"

Depuis le début de la guerre, pour contribuer autant que possible au moral des hommes, l'armée française distribue du tabac (le gros tabac de troupe, "le perlot"), papier à rouler et des allumettes :

- un sachet de 100 g de tabac tous les 7 jours ;

- un paquet de 50 allumettes tous les 15 jours ;

- différents paquets de cigarettes (bien que la pipe soit préférée aux cigarettes car mieux adaptée à la vie de tranchée) ;

- du papier à rouler.


Le papier à rouler

Fournit par l'état à la troupe

Exemples de papier à rouler

Acheté pendant la permission, ou envoyé par la famille


La rouleuse


Les allumettes


Les briquets

Amadou

Le briquet amadou est aussi appelé le briquet du "poilu". Pendant la première guerre mondiale, les poilus s'en servaient car ce briquet ne faisait pas de flamme, ils n'étaient donc pas repérés par l'ennemi. Corps en métal livré avec sa pierre à silex et sa longue mèche.

A essence


La pipe

La pipe d'un combattant de Verdun

L'allume pipe ( loupiote) et le bourre pipe, indispensable dans la cagna ...

La pipe en terre modèle "Jacob" de Gambier

La Maison Gambier est une fabrique de pipes en terre, située à Givet, fondée à la fin du XVIIIe siècle et fermée dans la première moitié du XXe siècle.

Elle se disait la plus importante fabrique de pipe du monde. Elle l’a été sans doute quelques décennies pour la fabrication de pipes en terre, avant de subir les imitations de ses modèles, puis la concurrence de la pipe en bois, et de la cigarette. Certains procédés de ses concurrents, jouant de similitude entre les noms, ont donné lieu à contestations devant les tribunaux, durant le Second Empire, créant une jurisprudence sur les noms commerciaux et noms patronymiques.

Tuyaux de pipes découverts en Argonne


La petite tabatière artisanale d'un artilleur


Le tabac à priser

La prise vit pourtant ses derniers bons moments.

Avec la IIIe République, le tabac à priser entame son déclin : en 1874, les Français en ont consommé 7 500 000 kg ; leur consommation s’affaisse à moins de 5 millions en 1913. À la veille de la Première Guerre mondiale, cette sorte de tabac ne correspond plus qu’à 10 % des quantités vendues en France sous le monopole de la Régie des tabacs.

Paquet de 30 grammes

Distribué dans les hôpitaux

Petites boites modestes, taillées dans de l'écorce d'arbre.

Surnommées "queue de rat" en raison du lacet de cuir qui sort du couvercle.

Boites plus "riches",

réalisées en corne

Petite fiole à tabac en verre soufflé, appelée aussi "secouette"


L'alcool

Autant que possible, rations exceptionnelles ou pas, les soldats se retrouvent sur une table pour manger et picoler ensemble. Une ambiance conviviale à table permet de détendre les hommes mais aussi de les réconforter, ils ne sont pas seuls. Avec leurs compagnons d’infortune, ils refont le monde, pensent à la fin de la guerre et se saoulent ensemble. C’est un corps uni qui fait face aux terribles adversaires et cela même en dehors du front et des tranchées. Une solidarité et une identité commune, ça se crée à ces moment-là. Mais aussi lors du partage d’une bouteille ou d’un colis envoyé par la famille et qui permet de varier un peu les aliments en plus de faire découvrir ses propres produits (pâtés, charcuterie…).


Le "pinard"

Quand le pinard était une arme pour la France

Dans les tranchées et à l’arrière, le pinard est en effet le grand ami des soldats. Dans les chansons, sur les cartes postales ou sur les affiches publicitaires, ils sont souvent représentés un verre à la main. Le vin est l’un des grands symboles du conflit. "Cela a été un acteur tout à fait décisif de la guerre"


bouteille de medoc de 37,5 cl Château Grand La Lagune recolte 1904

En bon état avec un niveau de vin très respectable pour son âge. Le muselet est bien conservé, seule l'étiquette qui est intégrale, compte tenu des bonnes conditions de conservation, a perdue de la lisibilité. Au 19ème et au début du 20ème ce vin était classé 3ème Grand cru et a été primé en Belgique (Bruxelles et Liège) entre 1900 et 1910 . Aujourd'hui ce château a retrouvé le prestige de cette époque passée, mais son nom a changé puisqu'il est devenu de Château La Lagune.


Bouteille de Bordeaux "Clos de Cantenac" cuvée 1914

Le contenu reste indéterminé, la bouteille étant rebouchée à la cire


Quelque tire bouchons en vogue dans les cagnas


La "gnôle"

L'alcool, la fameuse « gnôle », qui tenait le milieu entre l'alcool à brûler et l'élixir parégorique, n'a pas eu seulement le rôle d'excitant distribué les veilles d'attaque, que certains écrivains pacifistes, souvent ignorants de la réalité du front, ont exagéré à plaisir. Elle a été souvent le coup de fouet qui ragaillardissait de pauvres hommes épuisés de fatigue : regain de chaleur animale dans une nature où le froid gelait parfois la soupe et jusqu'au vin.

Petite fiole à alcool

Inspirée de la fabrication réglementaire ( voir le bouchon identique aux gourdes mdle 1877), ce petit flacon pour alcool fort était en fait acheté par le soldat, pourquoi pas à la "coopé" , on dirait le foyer de nos jours. interprétation gratuite de ma part, mais je pense que ça pourrait être la réalité.


L'absinthe

Au cours de la Première Guerre mondiale, l’antialcoolisme bat son plein. De l’interdiction de la vente de l’absinthe par circulaire télégraphique du 16 août 1914 au rappel des grands principes de la lutte antialcoolique par Georges Clemenceau le 18 septembre 1918 en passant par la loi du 16 mars 1915 avalisant la prohibition de l’absinthe, la réforme du régime fiscal de l’alcool (juillet 1916), l’introduction de mesures antialcooliques dans le Code du travail (mars 1917) ou bien encore la loi du 1er octobre 1917 sur l’ivresse publique et la police des débits, une quinzaine de textes législatifs et réglementaires sont édictés en ce domaine, ce qui ne s’était jamais vu auparavant.

"Un-Pernod" de l'absinthe Edouard Pernod

"Petit-fils d’Henri-Louis Pernod fondateur de l’absinthe Pernod fils, Edouard Pernod est installé à Couvet en Suisse. En 1896, il se développe avec une nouvelle distillerie à Pontarlier. Pour concurrencer la marque Pernod fils, désormais sortie de la famille, il dépose le nom « Un-Pernod ». Ainsi les consommateurs qui commandent « Un Pernod » pour désigner une absinthe, se verront servir une absinthe Edouard Pernod .


Alcool de menthe 86°

La société De Ricqlès et Cie, qui regroupe les trois fils de Samuel, est fondée en 1869. La marque reçoit plusieurs prix lors d'expositions. L'alcool de menthe de Ricqlès gagne en réputation dans les colonies et à l'exportation. Ils ouvrent une succursale à Paris. En 1900, le bureau parisien se situait au 12 rue Richer, mais deux ans plus tôt, l'usine déménage de Lyon pour s'installer boulevard Victor-Hugo à Saint-Ouen, sous la direction d'Henri-Édouard de Ricqlès (1859-?)

Petites fioles d'alcool de menthe

Voici trois petites bouteilles qui correspondent à des petits biberons de poupée, garnis de bonbons et munis d'une tétine en caoutchouc dont l'une des trois possède encore la trace !

Elles sont très petites par la taille, mais leur premier usage et donc leur origine étaient bien différents...

Ces petites fioles servaient au départ comme petite réserve d'alcool de menthe aux soldats durant la première guerre mondiale, d'où la croix de guerre et la légion d’Honneur ainsi que le "V" de la victoire présentes sur deux de ces flacons.

Un recyclage particulièrement étonnant et instructif !


La bière

La bière était universelle pendant la Première Guerre mondiale. Il servait à étancher la soif, à jouir en camaraderie, à se détendre et éventuellement, à aider un instant, à oublier l'horreur de la guerre.

Trois bouteilles de la brasserie de la Meuse à Bar le Duc

Trouvées dans une tranchée en Argonne

Brasserie de la Meuse à Bar le Duc

Les brasseries de la Meuse est une entreprise créée en 1890, notamment par Henri Bungener, et regroupant deux brasseries, à Bar-le-Duc dans la Meuse et à Sèvres en Seine-et-Oise.