L’uniforme et l’équipement du poilu

Les uniformes des soldats, et surtout ceux de l’infanterie, en première ligne, n’ont cessé d’évoluer pendant la
première guerre mondiale pour s’adapter aux conditions nouvelles de la guerre des tranchées et à un armement
de plus en plus perfectionné. Ces évolutions interrogent donc sur les réalités de la vie et du combat au front ;
après l’espoir d’une guerre courte en août 1914 où les soldats mobilisés se voient distribuer un uniforme et un
matériel vétustes très peu modifiés depuis le Second Empire, l’Etat-major cherche très vite à adapter l’uniforme
et l’armement.


Ceinturon modèle 1845

cEINTURON DES TROUPES COLONIALES MODèLE 1873


Ceinturon d'artillerie modèle 1879


Ceinturon modèle 1903/14

avec une boucle laiton du modèle 1903. Pour ce modèle, elle est anguleuse (car moulée) et uniquement en tombac.

Boucle laiton

Ceinturon modèle 1903/14 tressé

Ce modèle n'a rien de règlementaire. Il relève plutôt de l'artisanat de tranchée, car ce tressage, ou tissage, est délibérément réalisé par le propriétaire dans un but purement décoratif, ce qui est vivement condamné par l'autorité militaire, ce procédé détruisant la solidité du ceinturon.

A noter que ce modèle est riveté


Cartouchière modèle 1916

Très proche du modèle 1905, la modèle 1916 s'en distingue avant tout par sa couleur, cuir couleur fauve (de la modification de 1914) et son passant de ceinturon. Pour remédier au risque de voir le passant triangulaire s’échapper de sous le passant horizontal, la pointe du triangle est allongée de 2 cm. Cette pointe dépasse dorénavant clairement la patte horizontale et la cartouchière ne risque plus (ou moins) de se détacher de manière intempestive.


Le clairon réglementaire d'ordonnance

Cordons et pompons aux couleurs de la croix de guerre

Il faut remarquer , sur un des pompons un porte bonheur religieux …


Epaulettes d'infanterie modèle 1874

Provenant du 53eme régiment d'infanterie de ligne


Epaulettes de chasseur modèle 1874

Provenant du 25eme bataillon de chasseurs à pied


Epaulettes de légion étrangère modèle 1874


Epaulettes d'infanterie de marine modèle 1895


Jambières en cuir règlementaires

Appelées aussi "Leggins"


Le bleu horizon

Le bleu horizon est un nom de couleur dont on se souvient surtout parce qu'il a été utilisé pour celle des uniformes bleu-gris des troupes métropolitaines françaises de 1915 à 1921.

Ce nom de bleu qui fait référence à la couleur indéfinissable qui sépare le ciel de la terre, avait été utilisé auparavant dans le domaine de la mode, et l'a été depuis. Il a aussi servi d’emblème à des groupes politiques se réclamant de l'armée de la Grande Guerre.

L'artilleur de la cagna


Il porte un uniforme de sergent du 129eme régiment d'artillerie lourde. il tient dans la main droite son mousqueton d'artillerie modèle 1916 avec sa baïonnette, et dans la main droite son casque Adrian modèle 1915. A son cou, la paire de jumelles HUET et sur sa tête le bonnet de police modèle 1918 avec un insigne d'infirmier.

Ii porte également la fourragère de la croix de guerre, décoration du régiment. A titre personnel, il est décoré de la croix de guerre, de la croix du combattant et de la médaille commémorative interallié.


La capote Poiret modèle 1915

Durant l'été 1914, suivant la réforme du bleu horizon ordonnée le 27 juillet 1914, la capote modèle 1877 continue à être confectionnée directement dans du tissu bleu clair. Cette production est due au fait que la coupe définitive du nouveau modèle de capote n'est pas encore arrêtée. Cependant, ce "modèle intermédiaire" ne sera fabriqué et porté que durant quelques mois. En décembre 1914, le modèle de capote 1877 est définitivement remplacé par la capote Poiret.

C'est en répondant à une commande du ministère de la Guerre que le célèbre couturier en vogue Paul Poiret dessine la nouvelle capote. Le premier modèle est précisé dès le 19 septembre 1914.

En 1915, après une année de guerre, on revient cependant à un modèle croisé de couleur " bleu horizon " (suite à la nouvelle réforme de 1915). Il apparaît en effet que ce dernier protège mieux la poitrine et le ventre du froid et de l'humidité ; il recouvre également mieux les jambes. Le développement rapide de la tuberculose parmi les troupes rend plus que nécessaire cette réforme d'ordre vestimentaire.

Cependant, en raison des stocks très importants des modèles Poiret, ces nouvelles capotes croisées adoptées officiellement le 16 août 1915, n'apparaîtront sur le front de manière significative que vers l'automne 1916. Nous avons également vu au dessus que parallèlement, les capotes Poire encore en stock ou en service subissent elles même certaines modifications.

Ce nouveau modèle croisé restera en activité jusqu'à l'Armistice.

Le matin du 16 août 1914, le directeur administratif de la draperie de Châteauroux, Roger de La Selle apporte à Paris les échantillons au ministère de la Guerre. Dans la journée, l'intendant-général Defait soumet les échantillons de drap à Adolphe Messimy dans son cabinet et sélectionne personnellement un drap gris de fer bleuté éclairé de fibres bleu clair et de fibres blanches. Le lendemain, 17 août 1914, ce drap est officiellement adopté pour l'ensemble des uniformes de l'armée française.


Quelques éléments provenant du 131e régiment d’infanterie.


la couleur du passepoil identifie l'Arme


La chemise réglementaire modèle 1878

Il faut remonter au modèle de l'année 1878 pour détailler la chemise réglementaire de l'armée française en 1914. La carrière de cette chemise ne va d'ailleurs pas se limiter à la première guerre mondiale, nous la verrons encore en 1940.

En flanelle de coton, elle peut-être à rayures, à petits carreaux ou simplement blanche. Ouverte jusqu'à mi poitrine, il faut l'enfiler par la tête et la fermer par 3 boutons, le dernier fermant le collet. Les 5 boutons (dont les 2 pour les manchettes) peuvent être en os, en porcelaine ou pâte de verre.

Contrairement à ses descendantes, la chemise 1878 ne dispose pas de col mais d'un simple collet arrondi. Les marquages réglementaires sont en général très voyants, tamponnés sur la face avant de la chemise.


Le caleçon réglementaire

Portant le numéro de matricule 9146


Le bonnet de nuit réglementaire modèle 1889

Appelé ” calotte de coton  ”

Bonnet de nuit tel qu' on le trouve dans le paquetage du soldat au début du 20ième siècle. On le surnommait également " casque a mèche " . Celui ci est passé par la commission de réception un 16 décembre 19.. et remis à la 20eme division de réserve au militaire ayant le matricule 672.


En caserne uniquement 


Sac de couchage armée française en lin  réglementaire modèle 1885

appelé aussi sac a viande .

Il existe bel et bien un sac de couchage dans l'armée française, et ce dès 1885! Néanmoins, ce n'est pas le sac que tout campeur connait aujourd'hui, il s'agit simplement d'un sac d'hygiène destiné au casernement.

Confectionné en toile de chanvre ou de lin, il est prévu pour être utilisé sur le matelas dans la chambrée. Le soldat se glisse dans ce sac avant de se couvrir avec la couverture. Prévu pour être changé à "chaque changement d'occupant" il évite l'usure trop rapide des couvertures et draps de lit et assure un certain degrés d'hygiène dans les casernements.

|Image du milieu: Extrait du catalogue MANUFRANCE de 1914.


Ceinture utilisée pour le sport

Cette ceinture faisait partie du paquetage de 1900à 1945. Elle servait à maintenir les effets pour l'éducation physique (en général les sous vêtements). La tenue pour le sport est apparue dans l'equipement plus tard, en 1941. Pour maintenir les autres effets, on utilisait en général les bretelles.

L’Équipe de France de rugby 1914

Certains joueurs portent cette ceinture

Le rugby est l’autre sport massivement pratiqué sur le front, dans la première année de guerre. Il est même fortement encouragé par l’institution militaire qui voit d’un bon œil ce sport, car considéré comme un « jeu viril, adapté aux bons soldats » et favorise l’esprit d’équipe. Il est associé à l’image de la guerre à ses valeurs, bien plus que le football. Mais à terme, les soldats lâchent le rugby, victime de ses valeurs, trop proches de celles de la guerre. Déjà au combat au quotidien, les soldats veulent vivre autre chose.


La ceinture de gymnastique

Utilisée en caserne pendant les exercices physiques et sportifs.

Ceinture provenant du 21e régiment de ligne. Commission de réception datée du 23 décembre 1908.

Ce régiment a notamment combattu dans la Somme et  au Chemin des dames.  

extrait du catalogue manufrance de 1914


Ceinture de flanelle reglementaire

Portant le numéro de matricule 6718


Paire de bretelles réglementaires

Avec deux tenants séparés

La paire de bretelles réglementaire est à boutons et en 2 parties. Elle sera souvent remplacée par un modèle en une seule pièce plus pratique, achetée dans le civil. Ce modèle deviendra réglementaire en 1922 (modèle ci dessous).


Paire de chaussettes dites "au tricot"

Dès l'automne 1914, des comités du tricot du soldat sont constitués afin de fournir aux combattants des écharpes, passe montagne, mitaines, moufles et chaussettes, en prévision de l'hiver. Jeunes filles, mères et grand-mères de France se mettent au tricot.


La brosse à vêtements réglementaire


Les brodequins et autres ...

Lors du conflit, les brodequins connaissent d’autres modifications, en 1915, 1916 et 1917. À cette date, le brodequin français est celui qui s’imposera jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Il s’adapte aux nouvelles conditions du conflit, à la boue des tranchées. Pour ce faire, l’étanchéité est améliorée, les coutures renforcées, le talon est également clouté.


LES brosseS à brodequins réglementaireS


Vestige ...

Brodequin gauche type 1915 trouvé dans une grange en Argonne


Les sabots

Ces sabots ont été réhaussés avec des "tiges" de brodequins règlementaires allemands ...