La tambouille

700 g de pain souvent dur, entre 300 et 500 g de viande, 100 g de légumes secs et un bol de soupe. Dans l'armée française, chaque ration est calibrée pour apporter 1 200 calories par soldat.

Les légumes frais se font rares. Pour la viande, on pallie la pénurie en important des stocks surgelés et conserves, appelées « boîte de singe ».

Le célèbre « pain de guerre » est composé d'une pâte de farine de blé cuite deux fois. L'objectif : enlever toute l'humidité pour qu'il se conserve longtemps. Mais le goût et surtout la texture ne sont pas au rendez-vous : les poilus doivent le ramollir en le plongeant dans leur bouillon pour le consommer.

D'abord interdit, le vin (coupé à l'eau) accompagne le repas du soldat, de même que la gnôle. Fin 1914, les vignerons du Midi offrent des tonneaux à l'armée française pour motiver les troupes.


L'intendance, ou le service d'alimentation

Brassards pour les conducteurs d'animaux et de voitures de réquisition

La réquisition est une conséquence de l’entrée en guerre, encadrée par la loi (un texte élaboré en 1877), anticipée auprès de chaque municipalité, prenant effet immédiatement. Elle s’inscrit dans une tradition que la mémoire des anciens transmet dans les villes et les campagnes. Nourriture et logement contraints pour les troupes, alliées ou ennemies, invasion du territoire, pillage, pénurie alimentaire : le souvenir des années 1870-1871 est encore très vif. De fait, l’effort de l’entrée en guerre pèse sur la nation entière.

Brassard de conducteur

Brassard de brigadier

Brassard de sous officier

Commission de réception : Paris le 18-10-1880


Chaine d'attache pour les bêtes


Sac des subsistances militaires

L'intendance était dirigée par des intendants généraux (officiers généraux) et des intendants militaires (officiers). Il s'agissait du service chargé de tout ce qui concerne l'administration, le ravitaillement, l'habillement et le soutien des armées (et plus précisément les services de la solde, des subsistances, de l'habillement, du campement, des harnachements, des marches, des transports et des lits militaires). Il ordonnait et vérifiait également les dépenses des corps de troupe.

En matière de ravitaillement, le personnel comptait des cantiniers et cantinières gérant les cantines.

Exemples d'articles des subsistances militaires

Corde, ficelle, rouleaux de galons ....

Peson pour 10kg à 150kg

Pour peser la viande et les victuailles


Les rations alimentaires

Les rations normale et forte sont constituées de vivres frais qui sont prévus pour une journée. Elles sont transportées dans la gamelle et la musette.

La ration de réserve est quant à elle constituée de conserves et de produits non périssables que le soldat ne peut consommer que sur ordre, si le ravitaillement n'a pu avoir lieu. Elle est placées dans le havresac.

En période de combat, les hommes peuvent emporter 2 jours de ration forte et 2 jours de ration de réserve.

Rations de 250 grammes de chocolat 

Fabricants répertoriés

F. POTIN PARIS MARS 1916

F. POTIN PARIS AVRI 1916

GUERIN-BOUTRON PARIS 5-1916

GUIBON - 5 - 1915

GUILLOUT ISSY LES MOULINEAUX 4 - 16

LOMBART PARIS 2-1916

PERRON-PANTIN 3-1916

POULAIN BLOIS 4-1916

SAUNIER - DONZERE DROME 4-16

CARPENTIER CLICHY 4-1916

CHOCOLAT DE L'UNION LYON 5-16

CHOCOLAT DES GOURMETS PARIS 3-16

CHOCOLAT DES GOURMETS PARIS 4-16

CHOCOLAT MENIER 2-1916

CHOCOLAT MENIER 3-1916

CHOCOLAT MENIER 5-1916

CHOCOLAT REVILLON LYON 3-16

CHOCOLAT REVILLON LYON 4-16

Le chocolat MENIER - mars 1916

"Boite de vivres de réserves" datant du 16 mars 1916 contenant une "réserve de chocolat 250grs à "n'ouvrir que sur ordre" spécialement conçue pour les poilus

Les boites en bois contenant des tablettes pour les kiosques distributeurs sont apparues dès 1889 et c'est en 1894 que les caisses miniatures contenant des pastilles en chocolat firent leur apparition. Elles reproduisaient l’aspect des caisses d’emballage du chocolat Menier. La majeure partie du bois utilisé provenait des plantations de peupliers des Menier. Elles ont très souvent été envoyées aux poilus dans les colis par les familles, pour leur remonter le moral

La biscuiterie GUILLOUT - avril 1916

"Boite de vivres de réserves" datant de mars 1916 contenant une "réserve de chocolat 250grs à "n'ouvrir que sur ordre" spécialement conçue pour les poilus .

En 1841, un certain Edmé Guillout (1811-1893) fonde une entreprise spécialisée dans les biscuits et le pain d'épice, à Paris, rue Rambuteau. Très vite, trois usines fonctionnent à plein régime. Vers 1908, il transfère l'ensemble de ses usines à Issy-les-Moulineaux. A la mort d'Edmé, son fils Edmond (1839-1903) reprend les rênes de l'entreprise familiale. Et pendant la Première guerre mondiale, on retrouve les biscuits et les chocolats Guillout dans le barda du poilu.

La chocolaterie saunier à Donzère - avril 1916

En juillet 1895, l'usine Saint-Marie d’Aiguebelle entre en activité. Gérée par Emmanuel Saunier, la . La partie technique est assurée sur le site donzérois, la partie commerciale sur celui de Pont-Saint-Esprit. Parallèlement, pour assurer la transmission du savoir et encadrer le personnel durant les premières années d’existence du site, une quinzaine de frères et quelques pères sont détachés de l’abbaye. Ils assurent les activités spirituelles (temps de prière, messes, retraites pascales) pour l’ensemble des ouvriers jusqu’à leur départ en 1905, suite à la proclamation de loi de séparation des Églises et de l’État. Avec l’arrivée de la Première Guerre mondiale, l’usine parvient à maintenir la cadence de production. Les jeunes hommes et les femmes (celles-ci sont présentes sur le site depuis 1910 avec l’atelier de pliage féminin) remplacent les ouvriers valides mobilisés au front. En 1918, bien que de nombreux ouvriers ne reviennent pas, la production de chocolat reste stable, évaluée à plus de 1 800 tonnes par an. 

lE CHOCOLAT DES GOURMETS - avril 1916

Marque française aujourd’hui disparue. « Aucun chocolat n’est mieux préparé, aucun n’est composé de matières premières plus pures, ni vendu meilleur marché que le Chocolat des Gourmets », ainsi allait la publicité à la Belle Époque. Parallèlement au chocolat, la firme parisienne Trébucien produisait un Café des Gourmets, caractérisé par son « arôme concentré ».

Pendant la Grande Guerre, fabriqué par la firme Desnot et Sauleau, qui importait et grillait aussi le café, ce chocolat fut destiné au ravitaillement de l'armée. Conditionné en boîtes métalliques, peintes en gris et hermétiquement closes, il apporta sa puissance nutritive aux soldats sur le front.

Le chocolat felix potin - mars 1916

Nous sommes dans la deuxième partie du XIXe siècle, la capitale est en pleine révolution industrielle, Il faut nourrir les provinciaux qui affluent pour construire un nouveau Paris ; Félix Potin révolutionne le commerce de proximité. Une chaîne de point de vente est créée, on livre à domicile à l’aide de voiture à cheval, on affiche les prix des marchandises. L’épicier fait preuve d’une rare modernité n’hésitant pas à faire de la réclame : Félix Potin on y revient. 100 ans après sa création, il lance le mot shopping.

lE CHOCOLAT gUERIN-BOUTRON - mai 1916

La maison Guérin-Boutron & Fils remporta, pour son « Chocolat de Qualité Supérieure », maintes récompenses ; elle exposa en classe 3 dès l’Exposition Internationale de 1862, elle se vit décerner les médailles d’or aux Expositions Universelles de 1889 et 1900, à Paris. Ses magasins de détail, sis boulevard Poissonnière et rue Saint-Sulpice, proposaient son célèbre chocolat à la vanille, à 2 francs la livre, et son chocolat « Solubia », breveté, « soluble sans ébullition ». Son usine, installée aux 23-25 rue du Maroc, dans le quartier de La Villette, produisait quelque 8 000 kilogrammes par jour en 1900. Elle employait environ 280 ouvriers au début des années 1910. La firme possédait aussi une usine en Seine-et-Oise pour traiter les laits nécessaires à la fabrication du chocolat au lait . A cette époque, elle était gérée par Maurice Guérin-Boutron.

Ration individuelle de cacao VAN HOUTTEN

Fabrication hollandaise


Fiole de sirop ROMANO

Distribuée aux soldats pour mélanger avec l'eau dans les gourdes. 100 ans après la fiole est intacte ...

En 1872, Ariste Hémard, un ancien cultivateur d'Eure-et-Loir, achète, à Montreuil, une ancienne distillerie dans laquelle il crée une fabrique de liqueurs. En 1900, l'entreprise produit les liqueurs prisées de l'époque comme l'absinthe, les liqueurs dites « amères » (comme la gentiane) et les spiritueux, mais aussi des sirops et des conserves de fruits. Lors de l'Exposition universelle de 1900, Ariste Hémard reçoit une médaille d'or. L'entrepreneur devient un édile de la communauté montreuilloise et se fait élire maire de la ville en 1900. En 1926, la société Hémard fusionne avec la maison Pernod Père et Fils, fondée à Montreuil en 1860, pour former les Etablissements Hémard et Pernod Fils. Sept années plus tard, la société possède dix usines dans toute la France et emploie plus de mille cinq cents employés dont la moitié à Montreuil.


Petite gamelle d'ouvrier


les conserves (envoyées par la famille)

Pour améliorer l'ordinaire, le poilu recevait aussi des colis de la famille, dans lesquels trônaient souvent des conserves et confitures maison conditionnées comme celles qui suivent, de la marque "la Perpétuelle", à savoir dans des pots en verre stérilisés protégés par des boites métalliques.

Boite de conserve "La perpétuelle"

Boite de conserve "la facile"


lA CLEF MAGIQUE

Premier prix du ministère de la guerre

Ouvre boite modèle 1912

Marque "DARQUE à Clichy

Faisait partie du paquetage du soldat

Remplacé un peu plus tard par le modèle "Le singe"

Modèle publicitaire (Olida)

Inspiré directement du modèle Darqué


Ouvre-boite "Le singe" (1895)

Le corned-beef, en tant qu'agglomérat de menus morceaux en boite, est connu sous le nom de « singe » dans les pays francophones. L'appellation serait née au XIXe siècle, lorsque les soldats français en poste en Côte d'Ivoire auraient été réduits à manger de la viande de singe. D'aucuns pensent qu'une étiquette de boite de corned-beef représentait l'animal. D'autres encore rappellent qu'un ouvre-boite faisant partie du paquetage réglementaire en 1916-1918 portait la marque « Le singe ».


Les couverts

Il faut noter qu'aucun couteau n'était fourni, l'armée partait sur le principe que tout poilu avait un couteau sur lui.

Couverts portant le matricule G 907

Couteau de maitre charretier

« Le charretier est le valet de ferme chargé de soigner les chevaux, de les conduire aux voitures et aux instruments auxquels on les attèle. Quand il s’agit de bœufs, le charretier est dit bouvier. Les qualités qu’il doit posséder sont la sobriété, la patience et la force. Son talent consiste à bien connaître les chevaux et à les diriger de la voix et du geste, en les faisant marcher avec régularité. Ce talent s’acquiert surtout avec la pratique et l’exemple, et non par des préceptes théoriques, ceux-ci doivent consister surtout à lui faire aimer les animaux ».

Le couteau du poilu dit "cra cra"

C'est un couteau à ressort extérieur et à cran d’arrêt dont le déblocage de la lame se fait en tirant l’anneau situé sur le ressort.On l’appelle aussi le “cracra” à cause du bruit que fait sa lame lors de son ouverture.

 

Petite pochette artisanale

Vraisemblablement façonnée avec un morceau de toile de tente pour ranger les couverts


Gobelet en aluminium

Non règlementaire gravé au nom de son propriétaire et daté


Petit poêle à bois de tranchée

Un des principaux soucis du poilu dans les tranchées, hormis rester vivant, c'est de manger chaud.

Souvent les roulantes sont loin du front, et la nourriture arrive froide, surtout si les soldats qui apportent l'approvisionnement ont été mitraillés ou bombardés. Pour pallier à ces difficultés , les soldats s'équipent de réchauds qui leur fournissent aussi une source de chaleur pour se réchauffer les mains. En voici un rare exemplaire.


Les réchauds individuels

Réchaud à alcool

Petit réchaud du poilu

Pour réchauffer la soupe ou le café. Ce n'était pas fourni dans le paquetage réglementaire

Petit réchaud d'officier

Ce petit réchaud, un peu plus luxueux que le précédent faisait, lui aussi partie des effets personnels. L'armée ne fournissait pas de tels objets de luxe, même aux supérieurs !!

Autre genre un peu plus conséquent

Fabriqué par l'entreprise "PIGEON", créateur des célèbres lampes du même nom.


Pichet pour le vin ou le café

Sachets d'emballage de café

Sachets d'emballage de chicorée

Chicorée du nord M. VUAFLART, Le Havre